AKTO - AFDAS : événement du 23 septembre
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Retour sur la matinée d'échanges autour de la cartographie des emplois mobilisés dans le cadre des Jeux Olympiques et Paralympiques de 2024

Les Jeux olympiques et paralympiques (JOP) de l'été 2024, c'est demain... Une échéance proche dont les branches professionnelles signataires de l'Edec « Grands évènements culturels et sportifs » sont bien conscientes... d'autant plus que certaines peinent déjà à recruter. À l'occasion de l'actualisation de la cartographie des emplois et compétences-clés mobilisés par les JOP, les opérateurs de compétences Akto et Afdas, signataires de l'Edec, ont organisé une matinée d'échanges, vendredi 23 septembre 2022,  afin de permettre aux branches, aux entreprises et aux acteurs de la formation, de l'insertion et de l'emploi d'anticiper au mieux les besoins en recrutement, d'attirer des candidats, et d'accompagner les nécessaires montées en compétences des salariés déjà en poste. 
 
Vers les JOP et au-delà !
Plus de 150 000 emplois seront mobilisés dans le cadre de l'organisation des JOP 2024. C'est ce que révèle une nouvelle cartographie des métiers (cf. encadré), qui prévoit d'importants recrutements pour les grands événements culturels et sportifs, mais pas seulement. Tout l'enjeu pour certaines branches relevant d'Akto et de l'Afdas consiste à pallier des pénuries de main d'œuvre aujourd'hui, à fidéliser les salariés en poste, tout en forgeant les compétences de demain.
« L'Edec a permis de créer des outils collectifs, des coopérations et d'alimenter une vision prospective », assure Valérie Sort, directrice générale d'Akto. « C'est un outil pour accompagner la politique formation des branches, un outil d'aide à la décision », ajoute Thierry Teboul, son homologue à l'Afdas. Avec un objectif rappelé par Cécile Martin, directrice de projet JOP Paris 2024 au ministère du Travail : « répondre aux enjeux de qualification et de recrutement dans les 19 branches concernées, en faisant en sorte qu'une partie de ces opportunités bénéficient aux publics éloignés de l'emploi ». De quoi nourrir une intense réflexion, au sein des branches dont certaines affichent aujourd'hui de nombreux postes à pourvoir...

Des secteurs différemment concernés
Entre 15 000 et 20 000 agents à pourvoir dans la sécurité privée, une baisse de 15 % des effectifs de techniciens dans le spectacle vivant par rapport à l'avant-Covid, plus de 300 000 personnels manquants pour les hôtels-cafés-restaurants (HCR)... En cause, des facteurs multiples, parfois corrélés : profession règlementée (sécurité), conditions de travail, impacts de la crise sanitaire, méconnaissance des métiers, manque de perspectives...
Le constat est rude, mais les esprits lucides. Cédric Paulin, secrétaire général du GES, l'affirme : « Nous devons donner des perspectives aux salariés. Pour cela, la branche s'est investie dans le référentiel du BTS Management opérationnel de la sécurité. Nous construisons des certifications de compétences complémentaires pour offrir de meilleures rémunérations aux salariés et des prestations de qualité. » Vincent Sitz, restaurateur et président de la commission formation du GNI, suggère : « Les nouveaux salariés veulent du sens. Sinon, ils partent... Il y a une vraie révolution à mener dans l'hôtellerie-restauration, au niveau du management et de l'organisation du travail ».

Des compétences clés
Les compétences acquises pendant les JOP 2024 intéressent tout le monde : maîtrise des langues, capacité à accueillir des visiteurs, capacité à gérer des flux, des conflits, etc. « Ces compétences seront immédiatement transférables dans un cinéma ou des sociétés de loisirs, plus modestes qu'un stade », estime Jean-Pascal Denis, DRH d'UGC. Un constat partagé par Fathia Gueucier, responsable recrutement du Parc Astérix, qui souhaite « profiter de l'opportunité des JO pour avoir un vivier de personnes formées, sur un bassin d'emploi proche du parc ». Idem pour Thierry Boukarabila, représentant de la FGTA-FO et membre de la CPNE Hôtels-Cafés-Restaurants : « Nous attendons 21 millions de visiteurs, 13 millions de spectateurs, 20 000 journalistes et 10 500 sportifs de haut niveau. On ne pourra pas s'exonérer de la maîtrise des langues. Ce n'est pas du recrutement de masse qu'on va faire, mais du recrutement ciblé, de qualité. »

Attirer, former, fidéliser
Pour recruter, chacun déploie une stratégie : sensibilisation des conseillers Pôle emploi aux spécificités des métiers, campagne de communication digitale dans le cadre de l'Edec pour la prévention sécurité, mais aussi recours à la POEC avec Pôle emploi, mobilisation de l'alternance dans le spectacle vivant pour « combler les brêches » laissés par la Covid, et élargissement du sourcing. « Les Jeux offrent l'occasion de diversifier notre recrutement, d'aller chercher un nouveau public et de le former via l'alternance ou les GEIQ » (*), estime Stanislas Surun, directeur associé DRH de Magnum et vice-président de la CPNE du spectacle vivant.
À condition que les organismes de formation aient des financements adéquats, notamment en matière d'apprentissage, alerte-t-il. « Il y a un trop grand écart entre les objectifs à atteindre et les moyens financiers accordés par les pouvoirs publics, c'est un point névralgique pour répondre à Paris 2024 ». À condition aussi que le besoin de former rapidement ne soit pas l'occasion « de créer des certifications au rabais », comme le craint Florent Lecoq, représentant CGT dans la branche de la prévention sécurité, qui mentionne « une future certification de 106 heures pour exercer dans la sécurité (contre 175 heures aujourd'hui), limitée dans le temps et ne permettant pas une poursuite de parcours. »
Pour Thierry Boukarabila, « la fidélisation passe par la formation. Le secteur de la restauration - 91 % des entreprises emploient moins de 10 salariés - doit offrir des perspectives d'évolution, via les blocs de compétences. » L'enjeu est de taille : « Pour gagner la bataille de l'attractivité, il faut agir sur la rémunération, les conditions de travail et la formation. Nous devons raisonner en termes d'employabilité des salariés dans toutes les entreprises du secteur ».
Cette réflexion infuse... Sans formation, pas de parcours, une notion qui dépasse aujourd'hui l'idée de « carrière ». Pour des salariés mobiles, en quête de sens, la passion est un ressort mobilisable... Aymeric Vincent, DRH du groupe Les Échos-Le Parisien et président de la CPNE de la presse et des agences de presse, le sait : « Plus que de journalistes, un métier passion, notre secteur a besoin de spécialistes du développement et de la data. Quoi de mieux que les JOP, qui nécessitent engagement et curiosité, pour développer des compétences dont nous avons besoin ? »
De toute évidence, pour Jean Hédou, président du conseil d'administration d'Akto : « Nous n'avons pas le choix : les JOP, on doit les réussir. La charte sociale des JOP, nous impose de développer et favoriser  l'emploi durable. À nous, acteurs paritaires, de tout mettre en œuvre pour nous inscrire dans l'héritage social des JOP ». L'espoir est permis : Isabelle Gentilhomme, vice-présidente de l'Afdas, salue d'ores et déjà la « capacité des branches à travailler ensemble et à se mobiliser pour l'après JOP. »

(*) : groupements d'insertion pour emploi et la qualification
 
Cartographie actualisée des emplois mobilisés par les Jeux de Paris 2024
  • En 2019, une première étude faisait état de 150 000 emplois mobilisés pour les infrastructures et l'accueil des visiteurs : 11 700 dans le BTP, 60 000 dans le tourisme et 78 300 pour l'organisation des épreuves.
  • En 2021, estimation en légère hausse pour le tourisme avec 61 800 emplois potentiellement mobilisés dont près de 30 000 pour la branche Hôtels-Cafés-Restaurants ; travail en cours pour tout ce qui relève de l'organisation des JOP.
  • 25 fiches métiers : présentation du métier, activités et compétences requises, voies d'accès, aires de mobilités professionnelle ou encore enjeux et défis pour l'emploi...

Etude réalisée par le cabinet Amnyos et le Centre de droit et d'économie du sport (CDES)
Accéder à la cartographie sur le site AFDAS
Accéder à la cartographie sur le site AKTO
 
La main à la pâte
Pour réussir les JOP, le mot-clé c'est l'anticipation. Dès 2018, la charte sociale signée avec 8 organisations syndicales et professionnelles promeut des emplois durables et inclusifs. « Les Jeux ne durent que 2 fois 15 jours, dans 2 ans... », précise Gilles Verdure, manager attractivité économique, sociale et territoriale, au Cojo Paris 2024. Mais ils démarrent dès aujourd'hui...
Près de 2,5 Md€ d'achats seront réalisés pour des prestations de nettoyage, sécurité, restauration, logistique, événementiel... De quoi mobiliser l'écosystème emploi-formation-développement économique. L'urgence n°1, c'est la sécurité ; les attributaires seront réunis dès 2023 pour les aider à recruter. Pôle emploi Île-de-France a repéré et contacté les 170 entreprises de la région pour connaître leurs besoins précis. Et pour élargir le sourcing des candidats, l'opérateur met en œuvre des salons sectoriels (physiques ou en ligne, des opérations atypiques, telles que « Du stade vers l'emploi », ou encore la méthode de recrutement par simulation (MRS), qui repère les aptitudes des candidats sans passer par le CV.
Pôle emploi a également ouvert le site Emplois2024.fr qui propose des offres d'emploi, dans le BTP, le tourisme et la sécurité, mais aussi des contenus sur les métiers, les parcours, les offres de formation. Simon Vandenbroucke, responsable du département des coopérations pour des Territoires inclusifs de Pôle emploi, lance un appel : « La cartographie est un formidable coup de projecteur pour vos branches. Elle peut alimenter notre site, pour vous permettre de valoriser vos secteurs ! »
L'objectif partagé est de faire des JOP un tremplin pour le parcours des demandeurs d'emploi, de tous âges et conditions. L'Agefiph a signé une convention avec le Cojo qui s'engage à recruter 6 % de personnes en situation de handicap. L'association appelle aussi tous les acteurs à mieux prendre en compte la dimension handicap dans les actions menées ou envisagées.  « Les emplois mobilisés pour les JOP, détaillés dans les 25 fiches métier de la cartographie, sont accessibles aux personnes en situation de handicap », relève Lahouari Merabti, délégué régional Île-de-France Agefiph. Les missions locales et le monde associatif participent également à l'effort, afin de mobiliser les jeunes éloignés de l'emploi. « À travers l'Edec, nous sommes tous mobilisés sur les enjeux d'emploi et d'opportunités économiques, indique Gilles Verdure. Cette méthodologie peut perdurer au-delà des Jeux, car l'ambition est de créer un impact pour le futur, de léguer un héritage ».
 
Les intervenants

  • Thierry Boukarabila, représentant de la FGTA-FO (branche Hôtels-Cafés-Restaurants)
  • Jean-Pascal Denis, DRH d'UGC (branche de l'exploitation cinématographique)
  • Isabelle Gentilhomme, vice-présidente de l'Afdas
  • Fathia Gueucier, responsable du recrutement au Parc Astérix (branche des Espaces de Loisirs et d'Attractions Culturels)
  • Jean Hédou, président d'Akto
  • Florent Lecoq, représentant CGT (branche de la prévention sécurité)
  • Hubert Larney, responsable de service développement économique dans les territoires, Pôle emploi Île-de-France
  • Christophe Lepetit, responsable des études économiques au Centre de droit et d'économie du sport (CDES)
  • Cécile Martin, directrice de projet JOP Paris 2024, DGEFP
  • Lahouari Merabti, délégué régional Île-de-France de l'Agefiph
  • Thierry Noleval, secrétaire du Conseil d'Administration de l'Afdas
  • Cédric Paulin, secrétaire général du Groupement des entreprises de sécurité privée (branche de la prévention sécurité)
  • Albert Singer, directeur du développement de l'association Fête le mur
  • Valérie Sort, directrice générale d'Akto
  • Vincent Sitz, président de la commission emploi formation qualité de vie au travail du GNI (branche Hôtels-Cafés-Restaurants)
  • Stanislas Surun, DRH de Magnum, vice-président de la CPNEF (branche du spectacle vivant)
  • Thierry Teboul, directeur général de l'Afdas
  • Simon Vandenbroucke, responsable du département Territoires inclusifs à Pôle emploi
  • Gilles Verdure, manager attractivité économique sociale et territoriale Paris 2024
  • Aymeric Vincent, DRH du groupe Les Échos-Le Parisien, président de la CPNE (branche de la presse et des agences de presse)
  • Karim Ziady, membre du CA de la Mission Locale de Paris